La plume de Baudouin glissait avec délicatesse sur le parchemin, dessinant les lignes fluide d'une fleur aux pétales délicats. Concentré sur sa tâche, il ne remarqua pas tout de suite la présence silencieuse qui se tenait derrière lui.
C'est lorsque la voix douce et familière d'Alix de Tripoli résonna à ses oreilles qu'il sursauta légèrement, interrompant un instant son travail artistique.
"Quelle merveille, Baudouin. Tu as vraiment un talent incroyable pour le dessin," murmura-t-elle avec admiration, se penchant pour observer de plus près l'œuvre du roi.
Baudouin sentit son cœur s'emballer à la proximité d'Alix de Tripoli. Malgré la maladie qui le rongeait, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une vague de chaleur en sa présence.
"Merci, Alix. C'est un passe-temps qui me permet de m'évader un peu de ma réalité," répondit-il, un sourire timide étirant ses lèvres pâles.
Alix posa délicatement sa main sur l'épaule de Baudouin, lui offrant un soutien silencieux et réconfortant. "Tu es un roi exceptionnel, et tu mérites toute la beauté que tu parviens à créer, malgré les épreuves que la vie t'impose," déclara-t-elle avec sincérité.
Dans un moment de silence paisible, Baudouin reprit son dessin, Alix restant auprès de lui, sa présence apaisante emplissant la pièce d'une atmosphère de tendresse et de complicité.
Dans les jardins luxuriants du palais de Jérusalem, Baudouin contemplait tristement la magnifique Alix de Tripoli, l'amie de toujours et amour de sa vie. Ils avaient grandi ensemble, partageant des secrets, des rires et des larmes. Mais le temps était compté pour le jeune roi, sa maladie dévorait peu à peu son corps.
Son cœur lourd, il prit une plume et un parchemin, et commença à écrire un poème pour exprimer son amour pour Alix, l'héritière du comté de Tripoli. Les mots coulaient de sa plume avec une facilité étonnante, son amour pour elle lui donnant une force insoupçonnée. Il décrivait sa beauté, sa grâce, sa gentillesse, tout ce qui faisait d'elle la femme parfaite à ses yeux.
Au loin, Alix observait silencieusement Baudouin, le cœur serré par la peine de le voir souffrir. Elle avait toujours su qu'il était son âme sœur, mais le destin cruel les avait séparés par la maladie. Elle se souvenait de leurs jeux d'enfants, de leurs rires insouciants, de leurs rêves de jeunesse.
Puis, quand Baudouin eut fini son poème, il appela Alix à lui. Elle s'approcha lentement, le regard empli de tendresse et de tristesse. Il lui tendit le parchemin, les yeux brillants de larmes.
"Alix, ma douce Alix, je t'écris ces mots pour te dire combien je t'aime, combien tu as illuminé ma vie. Je sais que mon temps est compté, mais sache que mon amour pour toi ne mourra jamais. Peu importe où je serai, je veillerai sur toi."
Les larmes coulaient sur les joues d'Alix alors qu'elle lisait le poème, son cœur se serrant d'une douleur indicible. Elle savait que bientôt, Baudouin la quitterait pour toujours, emporté par la maladie. Mais elle était reconnaissante d'avoir partagé son existence, d'avoir connu un amour aussi pur et profond.
Baudouin prit alors la main d'Alix dans la sienne, lui offrant un faible sourire. "Ne pleure pas, ma chère Alix. Sois forte, et continue à briller comme tu l'as toujours fait. Je serai toujours à tes côtés, dans ton cœur et dans tes souvenirs."
Ils s'étreignirent alors, se perdant dans un moment de tendresse et de tristesse. Le destin avait peut-être été cruel avec eux, mais leur amour resterait éternel, gravé dans le marbre de l'histoire.
Le soleil éclairait faiblement la silhouette imposante du château de Kerak, créant des ombres dansantes sur les remparts. Baudouin IV de Jérusalem se tenait debout, son visage marqué par la lèpre qui le rongeait, face à Saladin, le grand sultan ayyoubide. Le jeune monarque de Jérusalem savait que son temps était compté et qu'il ne pourrait pas défendre la ville sainte bien longtemps.
Saladin observa Baudouin avec une expression mêlée de respect et de tristesse. "Votre Majesté, je vois que la maladie vous affaiblit. Je suis désolé de voir un si grand roi souffrir de la sorte."
Baudouin lui sourit faiblement. "Merci, Saladin. Je sais que mon règne touche à sa fin et que vous prendrez bientôt Jérusalem. Je vous demande une faveur, une dernière requête avant de rejoindre mes ancêtres."
Saladin acquiesça, attentif. "Dites-moi, Baudouin, je vous écoute."
Baudouin prit une profonde inspiration avant de parler. "Je vous demande, Saladin, de faire preuve de pitié envers mon peuple. Que vos troupes n'entrent pas dans la ville comme des conquérants sans merci, mais qu'elles respectent les habitants, les lieux saints et notre héritage commun. Je sais ce que mes ancêtres ont fait aux vôtres, mais j'ose croire que nous sommes meilleurs qu'eux. J'aimerai que la paix règne sur Jérusalem, même après ma mort."
Saladin posa une main compatissante sur l'épaule de Baudouin. "Je vous le promets, votre Majesté. Je m'assurerai que vos sujets soient traités avec dignité et compassion. Vous êtes un noble roi, et votre demande ne sera pas oubliée."
Baudouin baissa légèrement la tête, soulagé. "Merci, sultan. Que nos peuples puissent un jour vivre en harmonie, malgré nos différences."
Les deux hommes échangèrent un regard empreint de respect et de compréhension, conscients que l'histoire était en train de s'écrire sous leurs yeux. Alors que le crépuscule enveloppait Kerak de sa douce lumière, Baudouin se sentit apaisé, sachant que même dans la mort, il avait pu œuvrer pour la paix et l'unité entre les peuples. Saladin partit, portant avec lui les dernières paroles du roi de Jérusalem.
La chaleur écrasante de Jérusalem enveloppait le palais royal alors que le roi Baudouin IV et son amie Alix de Tripoli étaient assis autour d'un jeu d'échecs. Les pièces se déplaçaient avec grâce sur le plateau de marbre, créant une atmosphère de compétition amicale entre les deux jeunes gens.
Baudouin, malgré sa condition de lépreux, était un adversaire redoutable et calculateur. Il pouvait prédire les mouvements de son amie avec une précision impressionnante, mais Alix ne se laissait pas démonter. Elle avait appris à jouer aux échecs avec Baudouin lorsqu'ils étaient encore enfants, et elle était déterminée à lui donner du fil à retordre.
Alors que les pièces s'affrontaient sur le plateau, une lueur de tristesse traversa le regard de Baudouin. Il savait que sa maladie était en train de le ronger de l'intérieur, et il ne lui restait que peu de temps à vivre. Il savait que son règne touchait à sa fin, et il se demandait ce qu'il adviendrait de son royaume après sa disparition.
"Alix, as-tu déjà réfléchi à l'avenir de Jérusalem une fois que je ne serai plus là pour la protéger ?" demanda Baudouin d'une voix légèrement tremblante.
Alix leva les yeux de l'échiquier et posa doucement sa main sur celle de Baudouin. "Mon ami, tu es plus fort que tu ne le crois. Tu as gouverné ce royaume avec sagesse et courage, et ton héritage perdurera bien au-delà de ta vie."
Baudouin baissa les yeux, sa gorge nouée par l'émotion. Il savait que la tâche qui l'attendait était immense, mais il se sentait rassuré par les paroles réconfortantes d'Alix. Il savait qu'il pouvait compter sur elle pour guider Jérusalem vers un avenir prospère, même en son absence.
Alors que la partie touchait à sa fin, Baudouin sourit à son amie. "Peu importe ce que l'avenir nous réserve, je suis reconnaissant d'avoir eu une amie aussi loyale et sage que toi, Alix. Souviens-toi toujours de notre amitié, même après que je ne sois plus là."
Alix sourit à son tour, ses yeux brillants d'émotion. "Je n'oublierai jamais les moments que nous avons passés ensemble, mon cher ami. Ta force et ton courage resteront à jamais gravés dans mon cœur."
Les deux jeunes gens terminèrent leur partie d'échecs dans un silence empreint de respect et de gratitude. Ils savaient que leur amitié était plus forte que tout, et qu'elle continuerait de les guider, même au-delà des frontières du temps.
La bataille de Montgisard, le 25 novembre 1177 vit la victoire du roi Baudouin IV de Jérusalem contre le sultan Saladin. Environ 500 chevaliers, 500 hospitaliers, 80 templiers et 4000 croisés se sont opposés aux 25000 ou 30000 hommes de Saladin. Baudouin n'avait que 16 ans. Grâce à cette victoire, on le compara bientôt aux plus grands héros de la Chrétienté.
Sybille entra dans la chambre où le nouveau-né était allongé dans les bras de sa mère, la dame Agnès. Elle avait entendu parler de la naissance de son petit frère, le prince Baudouin, avec une certaine appréhension. Elle avait toujours été l'enfant chérie de ses parents et redoutait la venue du nouveau bébé qui semblait prendre toute l'attention.
Elle s'approcha du berceau et regarda longuement le visage du petit Baudouin. Dans son esprit, elle le trouva laid et peu attrayant. Son petit frère avait des traits peu communs et une expression étrange qui ne laissait pas Sybille impressionnée. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'était pas aussi beau que les autres bébés qu'elle avait vus.
"Qu'en penses-tu, Sybille ? N'est-il pas le plus adorable des bébés que tu aies jamais vu ?" demanda la dame Agnès en regardant avec amour le visage de son fils.
Sybille hésita un instant, puis répondit : "Il est … différent, maman. Mais je suis sûre qu'il sera un prince fort et courageux malgré son apparence."
Le seigneur Amaury, qui était entré dans la pièce à ce moment-là, s'approcha du berceau et posa doucement sa main sur le front de son fils. Il semblait ému et fier de voir son héritier tant attendu.
"Baudouin sera un grand roi, je le sais déjà. Il a en lui la force et la détermination nécessaires pour guider notre royaume vers un avenir prospère", déclara-t-il, les yeux brillants de fierté.
Sybille sentit une pointe de jalousie envers son petit frère, mais elle savait qu'elle devait être forte et accepter sa place dans la lignée royale. Elle promit silencieusement de veiller sur Baudouin et de le protéger, même si elle ne le trouvait pas aussi beau que ses parents le pensaient.
Les rues de Tripoli étaient silencieuses ce jour-là, l'air chaud et sec semblait peser sur les épaules d'Alix alors qu'elle marchait lentement vers la crypte du Mont-Pèlerin, vêtue de noir. À huit ans seulement, elle se sentait submergée par une douleur qu'elle ne comprenait pas complètement. Son jeune frère avait été emporté par une maladie soudaine et cruelle, laissant un vide insupportable dans le cœur d'Alix.
Baudouin de Jérusalem, le prince héritier, avait accompagné la cour de son père le roi Amaury pour soutenir Alix dans cette difficile épreuve. Malgré son jeune âge, Baudouin se tenait près d'Alix, essayant maladroitement de la réconforter dans sa peine. Il posa une main timide sur son épaule, offrant un sourire triste à son amie de toujours.
Alix sentit ses larmes se remettre à couler alors que les pleurs des autres membres de sa famille résonnaient dans l'air. Son père, le Comte Raymond de Tripoli savait il que son héritier venait de mourir ? Cela faisait six longues années qu'il était retenu prisonnier et la jeune fille n'avait que peu de souvenirs de lui, son frère encore moins, mais les seigneurs n'arrêtaient pas de rappeler la ressemblance entre le garçon et son père. Avec sa mort s'en allait le seul portrait et souvenir de son dernier parent. Avec sa mort, Alix devenait l'héritière de Tripoli.
Alors que le cercueil de son frère était descendu dans la terre, Alix sentit une main chaleureuse se glisser dans la sienne. C'était Baudouin, ses yeux brillant d'une empathie sincère. Sans dire un mot, il lui offrit son soutien silencieux, lui rappelant qu'elle n'était pas seule dans cette épreuve.
Le soleil se couchait sur Jérusalem, teintant le ciel de couleurs chaudes et dorées. Dans le château, la vie suivait son cours normal, mais pour le prince Baudouin de Jérusalem, rien n'était normal. Depuis que le diagnostic était tombé, sa vie avait basculé. Sa chambre avait été déplacée à l'opposé de celle d'Alix de Tripoli, sa meilleure amie et son béguin depuis de nombreuses années.
Malgré les interdictions des médecins et des conseillers du château, Baudouin ne pouvait plus supporter d'être si loin d'Alix. Alors, ce soir-là, il prit une décision radicale. Il demanda à son fidèle écuyer de l'aider à sortir de sa chambre et à rejoindre celle d'Alix.
Alix était assise à sa fenêtre, regardant tristement le ciel. Quand elle entendit frapper à sa porte, elle pensa d'abord à une plaisanterie de ses amies, mais quand elle ouvrit la porte et vit Baudouin, elle sut que ce n'était pas le cas.
"Baudouin, que fais-tu ici ?" murmura-t-elle, les larmes aux yeux.
"Alix, je ne pouvais plus rester loin de toi. Je t'aime, Alix, et la distance entre nous me déchire le cœur. Peu importe ce que les autres pensent, je veux être avec toi", déclara Baudouin d'une voix tremblante.
Alix fut bouleversée par ces paroles, mais en même temps, elle fut remplie d'une immense joie. Elle ne savait pas quoi dire, mais elle savait qu'elle voulait être avec Baudouin, malgré les risques.
Les deux adolescents passèrent des heures ensemble, partageant des rires et des confidences. Ils savaient que leur temps était compté, mais pour une fois, ils étaient heureux.
Le lendemain matin, lorsque Baudouin fut ramené dans sa chambre, il savait qu'il avait pris la bonne décision. Malgré la maladie, il continuerait à voir Alix.
Pas beaucoup de nouvelles trouvailles mais deux ouvrages intéressants :
Le premier est un roman historique. Intéressant et clairement écrit par quelqu'un qui aime Baudouin.
Le second est un roman historique/policier, il se construit autour de lettres d'un légat du pape assistant à la chute de Jérusalem. Il évoque brièvement Baudouin et surtout son héritage. Petit point négatif, il est court, 88 pages.
Le soleil se couchait lentement sur Jérusalem, baignant la cité sainte d'une lumière dorée. À l'intérieur du palais royal, le roi Baudouin IV de Jérusalem se tenait debout face à Raymond de Tripoli, le loyal comte de Tripoli.
"Mon seigneur, vous êtes conscient de mon état de santé fragile. Ma lèpre progresse à un rythme alarmant et je sais que je ne survivrai pas à cette année ", commença Baudouin d'une voix calme mais résolue.
Raymond regarda le jeune roi avec tristesse dans les yeux. À seulement 23 ans, Baudouin avait déjà montré une grande bravoure et un grand leadership malgré son état de santé précaire.
"Je suis désolé de vous entendre parler de cela, votre majesté. Mais vous ne devez pas abandonner espoir. Nous ferons... ", répondit Raymond, avec entrain.
Baudouin secoua la tête, un sourire triste sur ses lèvres. "Je sais que je ne peux pas changer mon destin, Raymond. C'est pourquoi je vous nomme régent de la couronne en mon absence. Je sais que vous gouvernerez avec sagesse et justice lorsque je ne serai plus ", déclara Baudouin, avec dignité.
Raymond s'inclina respectueusement devant le roi. "Je ne vous décevrai pas, votre majesté. Nous protégerons votre royaume et votre héritage avec tout ce que nous avons ", promit-il solennellement.
Baudouin hocha la tête, un sentiment de soulagement se propageant en lui. Il savait qu'il laissait son royaume entre de bonnes mains. "Je vous remercie, Raymond. Puisse Dieu vous guider dans votre règne, en mon nom ", murmura Baudouin, les yeux brillants de gratitude.
Dans la douce lumière du crépuscule, le roi Baudouin IV de Jérusalem passa le flambeau à Raymond de Tripoli, assuré que son royaume serait préservé et protégé après sa mort imminente.