Possession, A.S Byatt.
Cf moi-même.
@girafeduvexin / girafeduvexin.tumblr.com
Possession, A.S Byatt.
Cf moi-même.
"so funny, op is french" do you think we don't know. i work in paris. I know. I know.
"Funny joke but well actually....... this is not what sartre meant, you know"
Le fait qu'on tutoie Dieu en français.......................... Il n'y a pas de distinction vouvoiement/tutoiement en hébreu donc la plupart des traductions de la Torah opte pour un tutoiement généralisé, Dieu compris............
Mais en même temps, si on ne tutoie pas Dieu, qui d'autre pourrait-on tutoyer ? Si on ne sent pas assez proche de Lui pour dire "tu", autant vouvoyer la Terre entière.
Toujours sur le tutoiement/vouvoiement, c'est aussi très intéressant comment le tutoiement est à la fois une marque d'intimité et d'affection quand il est consenti et une marque de mépris, et même une insulte, quand il est imposé.
Mon rabbin me tutoie, je la vouvoie : c'est consenti de ma part, elle ne me l'a pas imposé, je sais que d'autres la tutoient mais je me sens plus à l'aise avec le vouvoiement et ça ne me dérange pas d'être tutoyée, car cela montre pour moi qu'elle m'apprécie.
Un mec random me tutoie pour me crier que je suis bonne dans la rue : intolérable, insupportable, je n'ai pas demandé, on ne se connaît pas, c'est une familiarité non consentie.
Et pareil pour le vouvoiement qui peut être à la fois une marque de respect (je vouvoie un artiste que j'admire) et une façon de mettre de la distance (j'avais une collègue qui vouvoyait les profs qu'elle n'aimait pas et tutoyait les autres....)
J'aime trop les explications des gens sur pourquoi le vouvoiement est important pour eux et je suis d'accord avec beaucoup de réponses. Je rajouterais qu'en tant que littéraire, je trouve que le tutoiement et le vouvoiement rajoutent une nuance très intéressante à beaucoup de relations et ça peut être une façon formidable de caractériser un personnage.
J'avais un personnage qui ne supportait pas qu'on la tutoie sans qu'on lui demande la permission (et elle refusait en général lol) parce que c'était une manière pour elle de se protéger et de garder ses distances. J'avais écrit un passage où un antagoniste la tutoie "de force" et c'était vraiment vécu comme une violation de ses barrières, même s'il ne se passait rien de physique.
Il y a cette scène EXTRAORDINAIRE dans Andromaque (Acte IV, scène 5) où Hermione alterne entre un vouvoiement poli et un tutoiement passionné enverd Pyrrhus, montrant son instabilité émotionnelle et la complexité de ses sentiments envers un homme qu'elle déteste et adore à la fois.
Et évidemment, il y a la question du vouvoiement/tutoiement dans la traduction d'œuvres anglophones. Dans Sherlock (BBC), Holmes et Watson se vouvoient dans le 1er épisode et se tutoient dans les autres. S'ils étaient français, il y aurait eu une scène du genre "Bon on peut se tutoyer maintenant, on est collocs." Lestrade vouvoie Sherlock, mais est-ce qu'il le tutoie à la fin de la série ? Et même, si on va plus loin, et c'est peut-être audacieux de ma part, mais le vouvoiement entre Holmes et Watson dans la traduction des livres pourrait être remis en question, surtout dans les dernière enquêtes - le tutoiement est moins courant à cette époque là mais des amis peuvent l'utiliser, même de la haute société (cf Balzac, Proust, Maurice Blanc...)
Il n'y a aucune bonne réponse et c'est ça qui est fascinant, parce que ça nous donne un nouvel outil d'analyse pour disséquer des personnages.
"Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas"
"Barbara", Jacques Prévert.
Merci à la librairie du MAHJ pour les achats compulsifs.
En ce moment, il y a une exposition sur le dibbouk au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme.
"Zone"
À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes
Voilà la jeune rue et tu n’es encore qu’un petit enfant
Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc
Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize
Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église
Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège
Tandis qu’éternelle et adorable profondeur améthyste
Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ
C’est le beau lys que tous nous cultivons
C’est la torche aux cheveux roux que n’éteint pas le vent
C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère
C’est l’arbre toujours touffu de toutes les prières
C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité
C’est l’étoile à six branches
C’est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche
C’est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs
Il détient le record du monde pour la hauteur
Alcools, Guillaume Apollinaire, 1913.
Possession, A.S Byatt.
"Il s'agit de bien décrire ce ciel tel qu'il m'apparut et m'impressionna si profondément.
De cette description, ou à la suite d’elle, surgira en termes simples l'explication de ma profonde émotion.
Si j'ai été si touché, c'est qu'il s'agissait sans doute de la révélation sous cette forme d'une loi esthétique et morale importante.
A l'intensité de mon émotion, à la ténacité de mon effort pour en rendre compte et aux scrupules qui m'interdisent d'en bâcler la description, je juge de l'intérêt de cette loi.
J'ai à dégager cette loi, cette leçon (La Fontaine eût dit cette morale). Ce peut être aussi bien une loi scientifique, un théorème.
... Donc, à l'origine, un sanglot, une émotion sans cause apparente (le sentiment du beau ne suffit pas à l'expliquer. Pourquoi ce sentiment ? Beau est un mot qui en remplace un autre).
Il s'agit d'éclaircir cela, d'y mettre la lumière, de dégager les raisons (de mon émotion) et la loi (de ce paysage), de faire servir ce paysage à quelque chose d'autre qu'au sanglot esthétique, de le faire devenir un outil moral, logique, de faire, à son propos, faire un pas à l'esprit.
Toute ma position philosophique et poétique est dans ce problème."
Francis Ponge, La Rage de l'expression, 1952.
i wanted to do more art of children, so just for fun, here's some special editions of some of my favorite classic books if they were for tiny children
featuring : pride and prejudice, the red and the black, flowers of evil, in search of lost time, the brothers karamazov, the brothers karamazov, queen margot, the great gatsby, the plague, and crime and punishment
Possession, A.S Byatt.
Possession, A.S Byatt.
Possession, A.S Byatt.
J'ai voulu poster la plus longue phrase de Proust, Tumblr a dit "nope!"
Donc elle est ici, si vous voulez la lire. Pas besoin de beaucoup de contexte pour la comprendre mais pour résumer, le narrateur vient de se rendre compte que Charlus est homosexuel et s'ensuit une longue réflexion sur plusieurs pages.
Quelques pensées peu organisées :
- la phrase parle d'homosexualité et de judéité et compare ces deux identités : être juif ou être homosexuel (ou les deux, dans le cas de Proust) c'est être discriminé, c'est être condamné à ne vivre qu'entre-soi, à se cacher, à prétendre être quelqu'un qu'on n'est pas. "l'opprobre seul fait le crime".
- Elle est quasi au centre de la Recherche. Elle est dans le quatrième tome (il y en a 7 en tout), elle est de souvenir presque au centre du livre.
- Thématiquement, elle coupe également la Recherche en deux, en introduisant le narrateur plus frontalement à l'homosexualité par le personnage de Charlus. Dans le livre d'avant, Swann s'était lamenté sur l'antisémitisme qu'il subissait et on est en pleine affaire Dreyfus : il sera beaucoup moins présent dans la suite de la Recherche et mourra dans le tome suivant. Ce sera Charlus, personnage incarnant l'homosexualité, qui prendra sa place. La Recherche évolue et le narrateur bascule dans un autre monde. Sodome et Gomorrhe est un livre de transition, qui permet au narrateur d'ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure.