On serait si bien là, dans le grand lit, là, derrière les volets, les rideaux clos, doublement cachées par la nuit, la pluie, dormir ensemble, s'aimer profondément, oublier tous les visages grâce à ce corps, dans ses bras, dans sa chair et sa bouche adorable, enfoncer mon silence, le remplacer par le murmure de ma volupté même, sous ses mains caressantes.
Mireille Havet, Journal, 1918-19
– Voulez-vous être mon amie, mon amie la plus chère, l'âme de mon âme, mon tout, mon bonheur pour toujours et à jamais ? (...)
– Est-ce que vous ne m'aimez pas un peu trop ?
– Évidemment, que je vous aime trop ! Quand j'aime les gens, je les aime toujours trop. Mais naturellement, je ne vous demande pas de m'aimer vous-même comme cela, sur-le-champ, ajouta Olive Chancellor. Attendons le temps qu'il faudra.. Le temps qu'il faudra. Lorsque quelque chose me tient à cœur, je sais être très patiente.
Henry James, Les Bostoniennes
Depuis que je t'ai quittée, je vis obsédée de ta magique et souveraine image. Ah ! Tes yeux nostalgiques de princesse captive ! – ta mystérieuse chambre nocturne et tes lèvres de tentatrice elle-même tentée !... Ton souvenir chante en moi, rayonne en moi, embaume au fond de mon être. Tu es mon parfum, tu es l'incessante musique amoureuse qui s'élève dans ma solitude.
Lettre de Renée Vivien à Kérimé, 1905.
"chloé aime Olivia..." Ne bondissez, ne rougissez pas. Admettons, dans l'intimité de notre propre compagnie, que ce sont là des choses qui, parfois, arrivent. Des femmes parfois aiment des femmes.
Virginia Woolf, Une chambre à soi.
"(...) quel dégoût de sentir qu'on a servi de monture à quelque désir mâle. Je veux te sauver de cela le plus tôt possible. Dis-moi que tu es lasse d'être pénétrée, que tu veux faire de ton corps un jardin aussi sacré que ton âme. Inviolable autant qu'elle. Sauf de la laisser vaguement aspirée par celle extasiée d'elle au point de ne pouvoir aimer aucune autre fleur."
Natalie Barney à Liane de Pougy
"Aimer n'est-ce pas surtout vouloir protéger, souffrir de ne pas protéger ?"
Lettre de Natalie Barney à Liane de Pougy
"Tourne-toi vers Eva (Palmer) – réfugie-toi dans son immense tendresse – et ne te souviens de moi que très rarement, comme une flamme éteinte – comme un peu de cendres et de pousse."
Lettre de Renée Vivien à Natalie Barney, 1902.
" – J'ai beaucoup rêvé et réfléchi – et j'ai vaincu l'ardente faiblesse qui un instant m'a entraînée vers toi... Vers la souffrance certaine, inévitable pour toutes deux –"
Lettre de Renée Vivien à Natalie Barney, 1902.
"Le soleil dorait ses boucles d'enfant. Elle me sourit, et dans mon âme brûla soudain une farouche tendresse pour cet être de sève et de rosée. Je la désirai comme une eau bleue d'aurore."
Renée Vivien, Une femme m'apparut...
"Je hais Vally avec passion. Je la verrais souffrir avec délices. Et je donnerais pourtant mon cerveau et mon sang pour lui épargner la moindre angoisse. Je ne sais plus. Je l'aime."
Renée Vivien, Une femme m'apparut...
Exemples de mots doux employés par Renée Vivien pour s’adresser à Kérimé:
- “Ma princesse lointaine”
- “Ma chère et désirable princesse lointaine”
- “Ma plus chère des amies lointaines”
- “”Fleur mystérieuse d’un mystérieux jardin”
- “Ma vivante chimère”
- “Ma mystérieuse Aimée”
- “Ma très suave amie”
- “Ma lointaine et douce bien-aimée”
- “Ma rose mystérieuse”
- “Ma rose nocturne”
- “Ma cruelle douce princesse de songe”
- “Mon cher rêve vivant”
- “Ma si belle aimée”
- ”Mon beau souvenir, mon songe éternel, ma chère espérance”
-”Ma chère poésie”
- “Ma chérie toujours aimée”
- “Ma fleur unique”
- “Mon amour, ma maîtresse, ma douceur”
- “Chère méchante”
- “Ma maîtresse brune”
- “Ma douceur brune”
- “Ma chère étoile brune”
- “Ma douceur parfumée”
"Tu es l'inoubliable, Vally. Tu peux me chasser de ta présence, tu peux m'exiler de ta grâce cruelle, mais tu n'effaceras jamais l'incomparable souvenir que j'ai mis à l'abri des métamorphoses de l'existence. Car on n'efface jamais la brûlure profonde du premier amour."
Renée Vivien, Une femme m'apparut...
"Et malgré tout, et malgré tout, je n'oublierai jamais nos heures, nos heures parfaites – inimaginables – suprêmes."
Lettre de Renée Vivien à Kérimé
"Je t'ai beaucoup aimée, ma pauvre chère, mais aujourd'hui je crois que je n'ai plus la force d'aimer personne."
Lettre de Renée Vivien à Kérimé
"Toi, la reine de mes rêves, souviens-toi que toute ma vie de poète et d'amant est entre tes mains brûlantes et fraîches, entre tes mains de maîtresse bien-aimée.
Le temps qui passe me rapproche d'avantage de toi, resserre notre doux lien.
Je t'aime avec toute ma ferveur, avec toute ma tendresse aussi.
Ah ! Oui, ménage-nous un coin tiède et mystérieux où nous nous anéantirons l'une dans l'autre.
Ton Renée"
Lettre de Renée Vivien à Kérimé.
"Ma chère étoile brune, tu es la force et la suavité de mon existence. Mes rêves sont remplis de ton exquise image endolorie et frêle."
Lettre de Renée Vivien à Kérimé, 1906.
"Et les lys ont gardé le pieux souvenir (...) // De la Déesse aux yeux de crépuscule tendre, / Dénouant ses cheveux de poussière et de cendre."
Renée Vivien, "Water lilies", dans Chansons pour mon ombre.
