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Fleuromanie Décadente

@fleuromanie

"Au fond, les fleurs et les femmes sont un peu soeurs!" — Liane de Pougy, Idylle saphique, 1901.
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Le Vers est tout. Pour créer la beauté des rêves et dégager l'essence des choses, aucun instrument d'art n'est plus puissant, plus subtil, plus acéré, plus multiforme, plus exact, plus docile, plus fidèle. Le vers est tout, le vers peut tout. Il peut rendre les plus secrets mouvements de la sensibilité humaine et révéler par le son d'une syllabe les plus profondes analogies ; il peut définir l'indéfinissable et exprimer l'inexprimable ; il peut embrasser l'illimité, sonder l'abîme, franchir les limites de l'être, descendre aux sources mêmes de la vie ; il peut enivrer comme le vin, ravir comme l'extase, il peut posséder en même temps notre âme et notre corps ; il peut enfin atteindre l'Absolu. Un vers parfait est absolu, immuable, immortel ; il retient en soi la parole avec la cohésion du diamant ; il enferme la pensée comme dans un cercle précis que nulle force ne pourra jamais rompre ; il devient indépendant de toute entrave et de toute sujétion ; il n'appartient plus à l'artiste, mais il est à tous et à personne, comme l'espace, comme la lumière, comme toutes les choses immanentes et perpétuelles. Une pensée exactement rendue dans un vers parfait est une pensée qui existait déjà, préformée, dans la profondeur obscure de la langue. Extraite par le poète, elle continue à exister dans la conscience des hommes. Le plus grand poète est donc celui qui sait découvrir, dégager, extraire le plus grand nombre de ces idéales performations. Lorsque le poète est sur le point de découvrir un de ces vers éternels, il en est averti par un divin torrent de joie qui, soudain, envahit tout son être.

D'ANNUNZIO, Gabriele, L'Enfant de volupté[1889], Paris, Calman Levy, traduit de l'italien par G. Hérelle, 1896. Edition originale :Il Piacere [Le Plaisir].

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A Rome, cette année-là, l'amour du bibelot et du bric à brac avait grandi jusqu'à l'excès ; tous les salons de la noblesse et de la haute bourgeoisie étaient encombrés de « curiosités » ; toutes les dames taillaient les coussins de leurs divans dans des chasubles ou dans des chapes, et mettaient leurs roses dans un pot de pharmacie ombrien ou dans une coupe de calcédoine.

D'ANNUNZIO, Gabriele, L'Enfant de volupté[1889], Paris, Calman Levy, traduit de l'italien par G. Hérelle, 1896. Edition originale :Il Piacere [Le Plaisir].

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